Les camées et intailles
30 juin 2010
Depuis l’Antiquité, l’art de la glyptique a produit des pierres gravées soit en relief (camées) soit en creux (intailles) qui sont de véritables chefs-d’œuvre. La période néoclassique remet à l’honneur les bijoux en camées dans le décor des diadèmes, des peignes et des parures. C’est d’Italie, où mosaïstes et graveurs sur pierres dures ont conservé la tradition d’un savoir-faire florissant sous la Renaissance et resté inégalé, que proviennent les pierres (agate, corail, améthyste, malachite) et les coquillages gravés. Ces camées, ornés le plus souvent de figures antiques, sont généralement montés à Paris, où résident les joailliers capables de suivre ou de devancer les goûts de clients aussi prestigieux que les familles impériales et princières. La passion pour les camées déferle sur l’Europe entière dès l’Empire et Napoléon, désireux de limiter les importations d’Italie, décide de créer une école de gravure sur pierres dures.
Sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, les camées se démocratisent, comme en témoigne l’importance des broches et des pendentifs en camées de cette collection. Bien que l’Italie reste, avec la petite ville de Torre del Greco, au pied du Vésuve, le principal producteur de camées sous le Second Empire, de nombreux graveurs français sur pierres dures et sur coquillage (un matériau plus facile à travailler) obtiennent des récompenses aux expositions universelles.
Signalons l’exceptionnelle collection de camées exposée dans la salle du chapitre de la cathédrale Notre-Dame à Paris : deux cent cinquante-huit pièces gravées à Torre del Greco et offertes à la cathédrale par un riche donateur bavarois en 1887, qui figurent chacune un pape de profil depuis saint Pierre jusqu’à Pie IX. Ces camées se présentent sous la forme de médaillons-bijoux sertis dans une monture en métal doré (ou en or ?) et regroupés par trente dans des cadres en bois doré.