Bijoux disparus et dérobés
30 juin 2010
Il arrive parfois que dans les musées, certains objets disparaissent, parce qu’ils ont été brisés, dérobés, ou même perdus. Ce n’est que par des fiches, des papiers volants, des mentions dans des catalogues que nous en savons l’existence. Toutefois, à contrario, un objet dont nous avons connaissance par ce biais n’a pas nécessairement fait effectivement partie des collections, car il a pu n’être que prêté ou déposé, ce qui n’est pas toujours précisé.
Il est à souligner que dans le cas des collections dont nous traitons ici, les bijoux disparus ont tous une valeur historique, et que quelquefois, pour certains d’entre eux, nous disposons d’informations sur la raison de leur disparition.
Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau
Dans une lettre adressée au directeur des Musées nationaux le 3 mai 1944 (archives Malmaison), Jean Bourguignon, conservateur du musée de Malmaison, déclare qu’ont été dérobés les bijoux suivants :
- une petite bague provenant de l’impératrice Joséphine, formée de cheveux tressés se rejoignant sur une plaque en forme d’écusson portant les initiales E H (Eugène et Hortense) ;
- une bague en or avec cachet aux armes impériales, offerte par Napoléon III au prince de la Moscowa, fils du maréchal Ney (entrée dans les collections en 1924 par don du comte Jehan de La Bédoyère) ;
- une montre plate en or provenant du roi Jérôme de Westphalie (don de Ferdinand Bac) ;
- une montre en or en forme d’oignon portée par Napoléon Ier à Sainte-Hélène (don de M. Vaudrey)
- une montre plate en or provenant de Louis Joseph Narcisse Marchand, dernier serviteur de l’Empereur à Sainte-Hélène, et à laquelle était attaché un cachet aux armes impériales.
Dans les dossiers de donateurs figure au nom « Comtesse Allard du Cholet » la mention : « Trois plaques de ceinture et une boucle ornées de camées ayant appartenu à Madame Bertrand » (il s’agit de l’épouse du général Bertrand), mais ces objets ne se retrouvent pas dans l’inventaire.
Sur un petit carton portant le cachet du musée de Malmaison se trouve l’inscription manuscrite suivante : « Collier en or avec camées et nécessaire de dame en or donnés par l’impératrice Joséphine à Mme Marescot qui fut dame d’honneur de 1806 à 1808 (collection de M. le capitaine Servel). » Il s’agissait dans ce cas d’un objet prêté à Jean Bourguignon pour une exposition qui eut lieu en 1923. C’est ce qu’indique une lettre adressée au musée dix ans plus tard par son propriétaire. Le collier, accompagné du carton, fut exposé à une vente de la galerie Wartski à Londres en 2001, et par la suite acquis par un particulier.
Dans un dossier intitulé « Donateurs » et conservé dans les archives de Malmaison se trouve une lettre à l’en-tête de l’Hôtel Claridge (1927), à Paris, où figure la liste des « objets historiques offerts au musée de Malmaison par Monsieur Georges Marquet. » Deux petits coffrets à bijoux au chiffre de la reine Hortense et signés Biennais y sont mentionnés. Ils ne figurent pas dans la collection.
Musée national du château de Compiègne
Un bracelet inventorié sous le numéro C.71.110 n’a pas été retrouvé. Il est ainsi décrit sur l’inventaire : « Bracelet en or, forme jonc avec en pendentif deux médailles d’or, la première montrant à l’avers l’effigie de Poussin et au revers l’inscription 2e grand prix. Thomas Couture 1837. La deuxième portant à l’avers l’effigie de Louis-Philippe Ier et au revers l’inscription M. Thomas Couture, peintre. » Ce bijou, qui avait été donné au musée au titre d’usufruit, ne fut jamais retrouvé à la mort de la donatrice.
Certains objets sont parfois retirés des collections quand leur attribution est remise en cause. Ce fut le cas de la bague longtemps considérée comme celle du sacre de Napoléon, ornée d’une émeraude gravée. Reconnue comme une bague russe, elle fut débaptisée et retirée du musée de Malmaison, où elle avait été déposée par le département des Objets d’art du musée du Louvre.