Bracelet sculpté avec vinaigrette

Compiègne, musée national du palais de Compiègne

Ce bijou a été réalisé pour M^me Guillaume Bouclier (1811-1876), amie de Victor et Adèle Hugo. Le gendre de Cornélie Bouclier, père de la donatrice, était Albert de la Fizelière (1819-1878), homme de lettres. Sa fille, Marthe Ritti de la Fizelière (1865-1944), donatrice de ce bijou au musée de Compiègne, était sculpteur, auteur d’une Cosette d’après les Misérables, exposée au Salon de 1902 et conservée au musée des Beaux-Arts de Besançon.

Don de M^me Marthe Ritti de la Fizelière, entré au musée national du palais de Compiègne en 1930.

Bracelet rigide articulé dont l’ouverture à cliquet se fait à la partie supérieure. Deux femmes allongées sur des peaux de bête et à demi dénudées sont ciselées de part et d’autre d’un petit coffret à parfum émaillé de bleu et garni de pierres de couleur, dont le couvercle s’ouvre sur une cassolette en argent doré (vinaigrette) encadrée de feuilles d’acanthe émaillées de vert ; il y reste un fragment durci de la petite éponge imbibée de vinaigre aromatique que l’on y plaçait. Sous le coffret le bracelet prend la forme d’une loutre (?), dont dépassent la tête, aux yeux incrustés de pierres rouges, et les pattes.
Il se présente sur une base d’écrin en velours noir, dont la partie supérieure a disparu. Au dos, étiquette ovale dorée portant l’inscription « Froment-Meurice orfèvre-joaillier de la Ville de Paris. Hôtel de Ville, rue de Lobau, 2 ».

Pour ce bracelet, véritable pièce d’orfèvrerie, François-Désiré Froment-Meurice a fait appel au sculpteur James Pradier. Cette association entre orfèvre et sculpteur était alors fréquente. Ils collaborèrent à plusieurs reprises pour la réalisation de bijoux et de statuettes. La pièce présentée ici est une réplique en argent doré d’un premier bracelet en or, réalisé par François-Désiré Froment-Meurice en 1841, qui est conservé au musée des Arts décoratifs à Paris (inv. 24384).
Anne Dion-Tenenbaum a écrit sur ce bijou une notice historique très développée dans le catalogue Un âge d’or des arts décoratifs (1991 Paris, p. 208).

Un âge d’or des arts décoratifs, 1814 – 1848, catalogue d’exposition. Paris : Réunion des musées nationaux, 1991, n^o 207.
Bijoux romantiques, 1820 – 1850. La parure à l’époque de George Sand : autour des collections du musée des Arts décoratifs, catalogue d’exposition, par Daniel Marchesseau (dir.). Paris : Paris-Musées, 2000, n^o 171.
Michèle Heuze, « Pradier intime : bijoux et camées », L’Estampille – L’Objet d’art, n^o 380, mai 2003, p. 70-80, p. 75-78.Trésors d’argent : les Froment-Meurice, orfèvres romantiques parisiens, catalogue d’exposition, par Anne Dion-Tenenbaum, Marc Bascou, Bernard Berthodet al. Paris : Paris-Musée, 2000§p. 45.